Découverte dans la piscine d'Ixelles
La piscine d'Ixelles fait partie du patrimoine bruxellois avec son bâtiment historique à front de rue et son grand hall de natation du début du 20ème siècle, tous deux classés. Ces bâtiments sont l’œuvre des architectes Alexandre Cooreman et Jules Rau. Fait moins connu mais tout aussi important sur le bassin de natation : il a été construit en 1904 selon les plans de François Hennebique, un pionnier du béton armé, après que le premier bassin se soit rompu peu après sa construction. À cette époque, l’usage du béton armé dans la construction était à ses débuts. Cette cuve est donc considérée comme une des premières applications d’envergure du béton armé en région bruxelloise, qui est, de plus, toujours en fonction.
Une découverte remarquable
Lors du chantier actuel de restauration, la cuve du bassin a été mise à nu afin d’être inspectée puis rénovée en profondeur. Lors du démontage des différents éléments techniques et décoratifs, il est apparu que la forme originale du bassin différait de la forme visible avant travaux, celle d’une piscine rectangulaire assez habituelle. Ce bassin divulgue, en effet, une paroi arrière ondulée et des bords horizontaux correspondant à la hauteur d’eau, en contrebas des plages de la piscine. Cela a donc confirmé l’exécution des plans historiques du bassin retrouvés en phase d’étude.
D’après la Direction du Patrimoine culturel (Urban.brussels) qui suit le projet de restauration, cette disposition, avec sa forme si spécifique, confère au bassin une légèreté, une originalité peu commune, un supplément d’âme et témoigne d’une utilisation de bains publiques quelque peu différente dans les années 1900 d’aujourd’hui. Toute démolition partielle, principalement pour des raisons techniques ou de durabilité, nécessitera donc une documentation précise de l’état existant afin de conserver les traces de ce témoin d’antan.
La commune d'Ixelles se réjouit également de cette découverte : « Le caractère symétrique des courbes apporte un intérêt particulier à l’architecture spécifique de ce bâtiment », s’enthousiasme Romain De Reusme, Échevin des Travaux publics à Ixelles « Le plongeoir historique souligne cette symétrie magnifiée du grand hall du bassin. La conservation des courbes doit s’accompagner de celle du plongeoir pour autant que les normes de sécurité soient assurées. »
La restauration de la cuve Hennebique
Les travaux actuellement en cours ont pour but de rendre le bassin à nouveau étanche et apte à une utilisation pérenne de la piscine tout en conservant un maximum des éléments d’origine, en ce compris le bassin en béton armé. Il est donc prévu, entre autres interventions, de placer une protection cathodique afin de protéger contre la corrosion les armatures métalliques contenues dans la structure en béton armé et donc d’en prolonger la durée de vie. La cuve du bassin sera ensuite recouverte d’un carrelage en damier noir et blanc, tel qu’il existait en 1904, motif autrefois disparu sous des couches de peinture et de liner.
« La commune est extrêmement fière de son patrimoine et s’est engagée à le préserver et le transmettre aux générations futures. » souligne Béa Diallo, Échevin des Sports à Ixelles, tout en précisant « Il y aura un réel impact sur les pratiques sportives mais au regard des critères esthétiques et patrimoniaux, la Commune est prête à l’assumer. Cela nécessitera des petits aménagements qui permettront de concilier les critères patrimoniaux aux critères de pratiques sportives pour tous. En effet, la piscine sera toujours utilisée et il est important qu’elle soit accessible, pratique et fonctionnelle. Le fait que la piscine d’Ixelles soit restaurée pour retrouver son authenticité tout en préservant les usages et en les renforçant par de nouvelles infrastructures qui en assurent l’accessibilité à tous, ne peut que réjouir. »